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Tribulations d'une Terrienne sans Scrupule
3 août 2013

Dystopie

Dans mon projet en cours, qui sera ou ne sera point publié un jour selon l'humeur de mon éditeur, le personnage principal voit une Angleterre fictive sombrer dans la dystopie sous la houlette d'une nouvelle Première Ministre.
Pour pas faire ça comme une barbare sans scrupule comme c'était initialement prévu, j'ai commencé à me renseigner. Je me suis demandé quel genre de dystopie je voulais. Dans un premier temps, je me suis répondu : « Oh, une belle. Une à la « V pour Vendetta ». Une féroce. » Sauf que le p'tit problème, c'est que même si « V pour Vendetta » est mon film préféré (je l'avoue sans honte), l'un de ses principaux points faibles repose là : sa dystopie n'est pas crédible. Clairement vous avez des gens que le gouvernement n'est pas loin d'oppresser, mais qui ne font rien pour changer les choses. D'accord ils ont peur de ce qu'il y a au-dehors, mais ils ne peuvent pas être si terrifiés que cela vu qu'il suffit que V leur file un masque et une cape pour qu'ils se rebellent. Donc, pas super-crédible. Or moi, j'aime bien le rester, crédible.

Donc je me suis dit « une dystopie qui tienne le coup ». Qu'est-ce qui empêcherait une dystopie de faire ça ? Son bon peuple. Les gens sont peut-être plus cons en groupe qu'on en a parfois l'impression, mais rares sont ceux qui sont fondamentalement stupides. Le peuple veut son bien-être. Enlevez-lui son bien-être, et même si c'est pour lui sauver la vie, il pousse les hauts cris. (Suffit de voir comment les gens réagissent quand on leur suggère de manger moins de viande histoire de pouvoir arrêter l'élevage intensif histoire de pouvoir sauver la planète.)

Donc le seul type de dystopie qui marcherait serait une dystopie où la population (ou du moins sa majorité) serait plutôt contente.

C'est là qu'on arrive au noeud du problème, parce que par définition, quand la population se sent bien, je doute qu'on puisse encore appeler ça une dystopie. C'est peut-être ça le gros « hic » : c'est que la dystopie de l'un est l'utopie de l'autre. Si on me mettait au pouvoir, je ferais passer la sauvegarde des ressources planétaires avant le confort individuel, tout simplement parce que pour moi manger de la viande deux fois par mois, n'avoir qu'un enfant par ménage et me doucher avec de l'eau à 25°C, ce n'est pas gênant. Mais annoncez à quelqu'un d'autre que son gouvernement va l'y forcer, et il part ériger des barricades. Peut-on lui en vouloir ? (Oui) Non, parce que c'est son point de vue, et qu'on en a tous un différent (même si seul le mien est le bon, voyons les choses en face).

On peut être têtu (sans lire Têtu pour autant) et se dire : okay, la majorité de la population est contente, mais pas toute la population. Ou uniquement grâce à un stratagème (comme dans « Le Meilleur des Mondes »). Après tout, peut-être que ça marche comme les trucages au cinéma : si on parvient à tromper 90% de la population, les 10% restant ne parviendront jamais à les convaincre qu'ils ont été trompés. J'aime à penser que c'est le cas, que le critère pour identifier la dystopie c'est que le bonheur d'une partie de la population, quelle qu'elle soit, est également proportionnel et directement lié au malheur de la situation d'une autre partie de la population. (Je dis « malheur de la situation » pour ne pas dire juste « malheur », parce que avec une honnête part de propagande, on peut convaincre des groupes entiers que leur situation est parfaitement normale et a toujours été comme ça, et du coup ils l'acceptent sans en être particulièrement malheureux, parce qu'ils ne sont pas conditionnés pour envisager quoi que ce soit d'autre.)

Mais ce raisonnement est erroné : de nos jours en France des pans entiers de la populations sont pour ainsi dire mis au rebut, sans compter nos relations commerciales et économiques avec d'autres pays dont nous foutons allègrement en l'air les économies locales sous des prétextes d'ouverture du marché et de libre-échange. En exportant de la bouffe bon marché au Bénin, rend-on service aux habitants locaux ? Non, pas sur le long terme. Parce qu'ils achètent ladite bouffe bon marché, et flingue donc le commerce local par la base : les petits producteurs et exploitants, qui ne peuvent concurrencer avec les prix des marchandises importées. Du coup clef sous la porte, du coup pauvreté et migrations, du coup emmerdes.

Qualifierait-on pourtant l'Europe/la France de dystopie ? Personnellement, non, je n'irais pas juste-là. Ce n'est pas une utopie non plus, ce n'est pas une situation extrême, c'est quelque chose d'imparfait et de complexe qui tient la route pour l'instant.

 

Est-ce que ça existe seulement, une dystopie modérée ? Et si oui... est-ce qu'on saurait la reconnaître ?
(01/08/13)

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  • Les aventures d'un écrivain-plongeuse-nounou-pâtissière/boulangère amatrice, fondamentalement scientifique, pratiquant la critique de films, de séries, de livres et de fanfictions, activiste et correctrice ... Bref, les tribulations d'une terrienne.
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