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Tribulations d'une Terrienne sans Scrupule
26 août 2013

"Je ne vais vous trouver qu'un grenier !"

Je cherche un appartement. J'habite pour l'instant avec mon coloc préféré qui est bon et généreux (oui-oui, comme Xerxès 1er), mais qui vers décembre pourra emménager avec sa chère et tendre, et voudra le faire, et qui suis-je pour les en empêcher ?
Je cherche donc un appart. L'agence Sergic ne veut pas de moi (pas de garant, 3x le montant du loyer et les aide aux logements n'entrent pas dans le calcul parce que sinon c'est trop marrant). Aujourd'hui, je téléphone à Foncia. Le numéro de téléphone sur l'affiche sur l'appart à louer de ma résidence me dirige sur le portable d'une gonzesse, appelons-là Machinette. Qui ne décroche pas. Mais me rappelle très vite.
Elle a une voix exquise. Une voix de fille brune profondémment gentille, qui veut bien faire, qui fait bien, qui sauve le monde en douce. (Je suis écrivain, alors j'extrapole, sorry mais c'est mon job.) Pour un peu je lui parlerais d'autre chose, lui offrirais de venir prendre une tasse de thé vu qu'elle bosse dans le secteur où j'habite et que, avec le chien, on a l'appart tout à nous jusque dimanche soir.
Je lui demande ce qu'il est de la solvabilité. Elle m'explique que je dois gagner trois fois le loyer (aïe), ou avoir un garant (yahoo !) et gagner 2.5 fois le montant du loyer (re-aïe). Les aides au logement ne rentrent pas dans le calcul, et sans doute pas l'argent qu'on vole au fond des fontaines. (Moi mon voeu c'est d'avoir du fric, et il y en a, alors voilà, ne me jugez pas trop durement un jour ce sera vous.)
Machinette me demande si elle peut savoir combien je gagne. Je lui dis. J'ai pas honte. Je suis pas outrageusment fière, mais j'ai pas honte. C'est honnête et mes employeurs sont les gens les plus sympas de la planète, et ça me laisse le temps pour écrire. Je sais pas si Machinette peut en dire autant. Ce qu'elle dit, en revanche, du fond du coeur, c'est : "Oh là là là ! Mais avec ça, je ne vais vous trouver qu'un grenier !". Elle ne rajoute pas "sans chauffage et avec des rats", mais c'est pas la peine, on l'a toutes les deux entendu.
Je lui demande si elle a une idée de ce que je peux faire pour trouver un endroit où habiter. Fuck, je peux pas être la seule gamine avec un premier job qui se fait un peu moins de 800€ par mois, tout de même ? Ils font comment, les autres ?
Machinette a presque l'air triste en me disant de voir avec des particuliers (j'y avais pensé) ou dans des HLM (je refuse d'y penser (au moins pour l'instant)). Je la remercie. Elle me dit de rien, elle m'assure qu'elle est désolée. Cette fois elle a l'air triste, et si je l'avais là je l'embrasserais. J'ai déjà parlé à pas mal de monde dans le domaine de l'immobilier, et c'est bien la première fois que j'entends de la compassion. Machinette n'a pas pitié de moi, ce qui m'horipilerait. Machinette est juste désolée de pas avoir de villa tout confort à me louer pour 50€ CC. Si elle l'avait, ça lui ferait plaisir de me la filer. Elle me la ferait visiter, et peut-être bien que mon charme de psychopathe agirait, et qu'on vivrait très heureuses. Et que je gagnerais au loto sans y jouer, et que mes romans se vendraient comme des petits pains. Machinette est désolée que ce ne soit pas le cas.
Elle me dit au revoir en me souhaitant bon courage, bonne chance et une bonne fin de journée. Le tout arrangé de manière à ce que la phrase ne soit pas bizarre. Je la remercie quinze fois, parce qu'elle a été sincère sans m'enfoncer le nez dans le fait que je suis fauchée, et que c'est aussi rare que gentil.

 

Et moi j'écris, parce que jusqu'ici ça avait l'air un peu trop beau, et que ça me rassure presque d'enfin voir le retour de balancier. Parce que peut-être que Machinette me lira.
Parce que je ne veux pas habiter dans un HLM pourri. Parce que si je peux éviter la colocation je préfèrerais, parce qu'après tout ce temps à colouer dans des conditions atypiques avec mon coloc' préféré, j'en ai marre de vivre avec quelqu'un dans les pattes. Parce que j'ai pas vraiment peur de ce qui va m'arriver, mais disons que j'aimerais que tout se passe super-bien.
Parce que c'est un peu la seule chose que je sache faire, quand un truc m'arrive. L'écrire.


Et aussi un peu pour ça : Si sur La Madeleine ou éventuellement Lille vous connaissez un appartement à louer pour max 450€ CC et que les gens qui le louent n'exigent pas que le locataire soit millionnaire, je prends. Dispo en décembre, c'est encore mieux.
(14/08/13)

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  • Les aventures d'un écrivain-plongeuse-nounou-pâtissière/boulangère amatrice, fondamentalement scientifique, pratiquant la critique de films, de séries, de livres et de fanfictions, activiste et correctrice ... Bref, les tribulations d'une terrienne.
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