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Tribulations d'une Terrienne sans Scrupule
6 septembre 2013

Avenue du Royaume*

Je vous ai pleurniché dessus en vous parlant de mon nouvel appartement et de tous ces changements qui font un peu peur, mais je ne vous ai rien dit sur la magnificence du nouvel appartement en question. Parce que oui, pour un endroit pareil, c'est bien le terme "magnificence" qui s'applique. Sans dèc.

J'habite à La Madeleine, comme on le sait. Actuellement, je suis dans un quartier sympa, à deux rues du quartier immonde. Ce qui n'est pas bien grave, vu que je n'ai jamais eu de problème, même en sortant LeChien à 3h du mat'.
A quelques minutes de là se trouve le début du centre-ville, et de là part l'une des plus belles rues de la ville : la rue du Docteur Lefou*. Elle commence par une série de garages pas terribles du tout, dont on se demande ce qu'ils foutent là. Mais ensuite commencent les maisons, qui sont tout simplement exquises. Assez petites en largeur, tout en hauteur, pas directement au niveau de la rue mais en retrait, cachées derrière d'élégantes grilles de fer forgé et de minuscules jardinets de quelques mètres carrés au mieux. Elles datent du milieu du 19ème siècle, à vue de pif, avec des ornements sur les façades et une discrète petite touche art nouveau pour les plus récentes.
C'est bien simple, en arrivant dans cette rue avec mon débardeur à la Tony Stark, mon jean trop grand, ma ceinture de punk qui fait de son mieux et mes converses batman qui ont autrefois vu des jours meilleurs, j'avais l'impression de commettre une sorte d'infraction. Vous voyez ces resto américains où, si vous n'êtes pas assez bien habillé, on vous prête de force une veste de costume ? Eh bien j'avais l'impression qu'à tout moment une porte de bois centenaire allait s'ouvrir sur quelqu'un voulant me faire enfiler un truc similaire. Je me sentais un peu comme Dumbledore a dû se sentir en arrivant à Privet Drive : tellement pas à sa place que c'en était comique.

Au bout de la rue du Docteur Lefou, on tourne pour se retrouver Avenue du Royaume. On remonte, on remonte, ... et on est chez moi. Autour de vous, des immeubles exquis aux façades chargées de moulures. Des cabinets de médecins et d'avocats, le tram à quelques secondes à peine, Lille à un arrêt. Vous voyez le genre ? Ca ne déconne pas. On pourrait reprocher la forte circulation, mais de l'intérieur ça ne s'entend pas.
L'immeuble est classé, la façade est superbe. La porte d'entrée, immense, annonce la couleur.

Je fais ici une parenthèse pour que vous compreniez vraiment ce que j'ai ressenti en entrant pour la première fois. Je suis, dans l'âme, un rat de musée. Et, comme vous le savez, je suis belge. Souvent, quand j'étais petite et que nous habitions Bruxelles, nous allions au Musée de l'Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique. Ca en impose, right ? Il a été pas mal refait il y a quelques années, mais avant cela, il datait de la même époque que mon joli immeuble. La salle des dinosaure était assez sombre, toute en plafonds gigantesques (bah oui, because of the dinosaurs), en sols carrelés de dalles immenses, en colonnes de bois sombre et de marbre, en fer forgé, en odeur de poussière paisible et de murs anciens. C'était le plus bel endroit du monde, du moins à mes jeunes yeux. J'adorais ce musée avec ce qui conférait à de la rage. Je l'aime toujours passionnément, même si on imagine que j'ai moins souvent l'occasion de m'y rendre.

Mais imaginez ma réaction viscérale, reptilienne, en entrant dans cet immeuble et en y retrouvant tout ce que j'avais aimé à 6 ans. Un hall principal où pourrait tenir une giraffe, une cage d'escalier aux dimensions improbables, avec un escalier où trois ou quatre personne peuvent se croiser de front. Du marbre, du bois centenaire noirci par les ans. Une rampe d'escalier, dans le petit hall, en fer forgé pour imiter l'aspect d'une corde tissée, pompoms aux extrémités y compris. J'en ai presque eu les larmes aux yeux tant j'étais frappée par ce sentiments venu du fond de moi-même : j'étais chez moi.
Entendons-nous bien : pour moi, chez moi, c'est là où il y a mes affaires. Je n'accorde vraiment pas beaucoup d'importance à l'endroit où je vis tant que j'ai un toit au-dessus de ma tête et le minimum de confort nécessaire pour qualifier le bâtiment de salubre. Tant que je ne risque pas la mort chaque fois que je mets le pied dehors je me fiche du quartier. Tant que mes affaires y sont, je me moque d'à quoi ressemble l'appartement.
Mais en arrivant dans cet immeuble avenue du Royaume, j'ai vraiment été frappée par l'envie de le posséder, l'envie d'être à ma place à cet endroit, l'envie de pouvoir le qualifier de mien.

L'appartement est au premier. 28m² environ, une superbe mezzanine (autant profiter de ces plafonds inatteignables), une salle de bain gigantesque (enfin... toutes proportions gardées), une pièce principale très lumineuse orientée sud-sud-ouest. Pas très grande, mais soit. Le tout livré avec une table, des chaises, et un matelas que je vais essayer de faire disparaitre d'une manière ou d'une autre. L'appart a été refait il y a deux ou trois ans, il y a des prises de partout, les murs sont d'un blanc étincelant, et la fenêtre est un triple vitrage car, ne pouvant toucher à la façade extérieure qui est classée, on a rajouté une fenêtre derrière la fenêtre visible de la rue, avec des chassis en PVC faciles à entretenir.
Pas d'animaux (la personne qui m'a fait visiter m'a dit que si vraiment je voulais un chat, tant que je n'en parlais pas, pas de soucis, mais j'aime l'idée d'être vraiment sans attache, pour une fois), et pas de trous dans les murs - ce qui m'embête un peu vu que je ne sais pas trop comment accrocher des cadres sans clous, mais soit, je trouverai bien, on n'a pas un QI de 150 pour ne s'en servir qu'au Scrabble.

La bête est libre le 05/09, soit la veille du jour où vous lirez ceci. Je ne sais pas encore exactement quand je déménage vu que ça dépend de la copine de mon Coloc Préféré, mais ce sera avant décembre, je pense. En attendant je peux y amener pas mal de trucs, et réfléchir à comment caser le plus de meubles possibles dans 28m².
Comme toujours, chers lecteurs, je vous tiens au courant.

 

* Les noms ont été changés, of course.
(30/08/13)

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Tribulations d'une Terrienne sans Scrupule
  • Les aventures d'un écrivain-plongeuse-nounou-pâtissière/boulangère amatrice, fondamentalement scientifique, pratiquant la critique de films, de séries, de livres et de fanfictions, activiste et correctrice ... Bref, les tribulations d'une terrienne.
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