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Tribulations d'une Terrienne sans Scrupule
30 août 2013

"Je peux t'appeler ?"

Parfois, votre éditeur vous laisse un message qui dit juste ça. On ne sait pas trop quoi en faire, on est un peu inquiet. Je suis en bons termes avec lui, il m'a gentiment soutenue pendant ma dernièr rupture, c'est mon expert résident en psychologie masculine et il me laisse le railler gentiment.
N'empêche que ça reste mon éditeur, le type qui dit oui ou non aux histoires sur lesquels j'ai sué et saigné, et que dans les faits, quand ce type-là vous demande s'il peut appeler, on n'est pas trop sûr. Moi, en tout cas, j'étais pas trop sûre.

Je ne vois le message que le lendemain, alors je lui dit oui par mail, et tant qu'à faire par texto aussi, parce qu'on n'est jamais trop prudent, que si c'est une bonne nouvelle je veux l'entendre rapidement, que si c'est une mauvaise c'est comme pour enlever un sparadrap, autant y aller d'un coup sec.

Mon éditeur a une chouette voix. Ca m'a frappée la première fois qu'on s'est parlé, alors que je devais me retenir pour ne pas danser en même temps qu'il me disait qu'il avait adoré mon roman, que j'étais trop forte trop belle et trop douée et qu'il voulait me donner plein d'argent (j'exagère à peine). Il a une voix dynamique, un peu sexy, riche, assez chaude. Pas Benedict Cumberbatch, mais quand même. Plus Cumberbatch que Martin Freeman, en tout cas.

Parfois, les éditeurs appellent pour de mauvaises nouvelles. Ca m'est jamais arrivé, mais je sais qu'un jour ça arrivera. Ton bouquin se vend mal, j'aime pas le dernier truc que tu m'as envoyé, t'as donné un avis pas politiquement correct en public et ça me plait pas, t'as foiré ton passage à la radio, t'es mignone mais faut que t'arrête de faire ça, ... Un jour, ça arrivera.
Mais pas aujourd'hui.
Aujourd'hui, si on éditeur appelle, c'est juste pour dire que ma nouvelle sort bientôt, qu'il a pas encore lu en entier le roman suivant mais qu'il lui plaît bien et que j'y ai réussi ce que je voulais faire, et que si je veux toujours corriger des trucs pour lui, il a du boulot pour moi. Il me dit qu'il a pas beaucoup d'argent, je lui répond que c'est pas grave, moi non plus. (Je n'ajoute pas : "c'est ça ou je me convertis en maîtresse SM", parce que je voudrais pas lui donner l'impression que de sa générosité dépend la quantité de bouffe dans mes placards.) Il me propose une somme pas immonde pour une triologie. Un correcteur professionnel dirait non, mais je n'ai pas exactement ce luxe. Soit je le fais et j'ai les sous, même si c'est pas très bien payé, soit je le fais pas parce que c'est mal payé, et j'ai juste pas les sous. Je préfère les sous. Vous étiez prévenus, je suis sans scrupule.

On passe donc un accord, on est sur la même longueur d'onde pour les corrections (on est sur la même longueur d'onde pour à peu près tout, c'est ça qui est cool), on s'arrange pour le payement, je rélféchis déjà à comment investir cet argent. (C'est pas les trucs qui manquent : Wing Chun, plongée, anniversaire de mon Coloc Préféré, mettre du fric de côté pour les mois où je bosserai moins à cause des vacances et donc où le loyer fera plus mal, mettre du fric de côté pour partir en vacances, mettre du fric de côté parce qu'un jour j"aurai 70 ans et je serai à la retraite et je pense pas que je puisse compter sur l'Etat pour me la payer, ma retraite.)

Parfois les éditeurs appellent pour dire que vous êtes un bon auteur, et qu'ils vous font confiance au point de vous donner à faire un job important pour eux, et de vous payer pour le faire.
Parfois tout se passe bien.
(15/08/13)

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  • Les aventures d'un écrivain-plongeuse-nounou-pâtissière/boulangère amatrice, fondamentalement scientifique, pratiquant la critique de films, de séries, de livres et de fanfictions, activiste et correctrice ... Bref, les tribulations d'une terrienne.
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